06/04/2013

Projet radio 6°, séance 6 : on enregistre ! corps, esprit, plaisir

             Enfin, voici l'enregistrement des chroniques des 6°, articles tout d'abord dactylographiés pour être notés par leurs enseignants puis travaillés pour être lus à voix haute pour la radio (séance 5 ).

          Oh, honneur suprême, les élèves ont le droit de passer dans la matrice, soit derrière mon bureau. 

Lire à voix haute, c'est maîtriser son corps, son esprit et se faire plaisir.

1ère étape : le corps.
Certains élèves ont les pieds joints, d'autre la tête basse et le texte vers le sol, d'autres se balancent de droite à gauche. ..Certains ont les lèvres et les joues rigides et articulent peu.
Je leur fais mettre les jambes légèrement écartées pour être stables, la tête relevée pour voir face à eux (et donc le texte parallèle au regard) , les épaules en arrière si besoin pour que les cotes puissent bien bouger lors de l'inspiration et de l'expiration. Pour le balancement et autres signes physiques de stress, je les leur décris pour qu'ils puissent les contrôler. Cependant, ils ne sont qu'en 6° et la maîtrise du corps est encore difficile.
Quant à l'articulation, le crayon en travers de la bouche pour répéter suffit.

2ème étape : l'esprit
- madame, je n'arrive pas à dire "aluminium"
- ben si, tu viens juste de me le dire
Elève étonnée : "ah oui ?!"
Buter sur les mots est psychologique. C'est comme quand on se dit "ne pas dire à untel telle information" et quand on voit cette personne, nous n'avons qu'une envie, c'est de lui dire cette info. L'oral, c'est comme le sport. Si on commence à réfléchir à tous les obstacles difficiles, on reste sur la ligne de départ. Dans ces cas-là, je dédramatise : prendre plaisir est le plus important. Tu butes sur un mot, et après ? On recommence est c'est tout. Tu as peur ? De quoi ? Que peut-il se passer de catastrophique si tu te trompes ? C'est une question de confiance en soi, il faut avoir confiance en ce que tu fais.

3ème étape : répétition générale avant l'enregistrement
Conseils que je donne : 
  • ne pas reculer quand ils voient le micro (c'est un réflexe courant). 
  • Garder la tête haute et le texte à hauteur des yeux (et non pas en bas) pour que le micro ne les gêne pas pour le lire. 
  • A chaque fois qu'il y a un changement de voix (les textes sont souvent lus à 2 voix), lever la main un peu avant pour que je positionne le micro devant la bonne bouche. Attendre que le micro soit en position pour parler. S'il y a un silence lors du changement de position, ce n'est pas grave, je couperai.
Les élèves lisent, s'appliquent ... mais à voix basse. Ils lisent pour eux comme s'ils n'avaient pas l'habitude de lire pour être écoutés. Cette répétition sert surtout à leur faire monter " le niveau sonore" . Or, plus ils parlent fort, plus ils vont parler lentement, articuler et mettre le ton. Ils accentuent les mots important qu'ils ont soulignés. Je vois ceux qui sont en apnée ou qui ne respirent pas aux bons endroits. Je leur fais marquer alors la ponctuation orale en rouge.

4ème étape : l'enregistrement et le plaisir
Un micro, audacity et un casque ((J'avoue que le métier d'enseignant demande des fois des sacrifices. Ce jour-là, évitez le brushing et les grosses boucles d'oreilles ou alors prévoyez un petit casque pour lecteur MP3, plus discret)
Les chroniques sont courtes : 1' en moyenne. 
La motivation à ce stade du projet est évidente. Les élèves veulent être les premiers à passer au micro et ils argumentent pour me convaincre ! Eux ont été les premiers à imprimer, oui mais eux là-bas ont été les premiers que j'ai écoutés lorsqu'ils s'entrainaient sauf que les autres ont été les premiers à finir leur article écrit ...  
Les élèves fâchés avec la lecture ou la discipline se fondent dans la "masse" et ne sont plus identifiables.
Je crois que c'est la partie que je préfère le plus finalement.

5ème étape : l'évaluation
J'évalue au fur et à mesure qu'on écoute les chroniques ensemble (le début de l'heure suivante est nécessaire). Les élèves ne font pas vraiment de commentaires. Ils semblent médusés par leur voix et écoutent.
En 6°, j'attends d'eux une lecture fluide (c'est à dire pas saccadée. Se tromper sur un mot arrive à tout le monde), qui respecte la ponctuation (et donc la respiration et donc le sens du texte). J'attends d'eux qu'ils prennent du plaisir et y mettent du cœur, qu'ils soient concernés par ce qu'ils lisent. Mettre le ton est difficile en 6;  cela demande des pré-requis que la majorité n'a pas.

Bilan ?
C'est intensif. J'enchaîne les groupes les uns après les autres. Certains élèves déjà enregistrés écoutent ceux qui sont avec moi, d'autres semblent avoir besoin de "lâcher la pression" et sont bruyants entre les prises.
Il faut avouer aussi qu'utiliser les TIC entraîne un certain stress (chez moi) lié aux problèmes techniques possibles inattendus et inexpliqués : le signal sonore ne passe plus alors qu'avec la classe suivante tout fonctionnait, il y a du souffle d'un coup ... 

Les élèves comprennent l'utilité des phrases courtes, de la ponctuation orale et du soulignage des mots importants. Ils découvrent des erreurs "j'ai oublié un point", "je n'ai pas mis l'accent sur le e" ... et les rectifient d'eux-mêmes.
J'ai découvert aussi que beaucoup d'élèves ne savaient pas ce que signifie "enregistrer". Depuis le début du projet, je dis "enregistrer, enregistrement" et en fait, ils ne comprenaient pas. Pour eux, ils allaient parler en direct à la radio. Il est vrai qu'il y a très peu de situations quotidiennes où on "s'enregistre", voire même aucune.
L'année prochaine, il faudra que je leur explique le terme "enregistrement".


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